Vous avez dit 35 !

L’organisation du temps de travail : la nécessité de penser autrement

La distribution spécialisée Française est couteuse non seulement au regard de ses partenaires Européens mais de l’ensemble des pays développés. En France, dans les secteurs textile-optique-parfumerie-bijouterie-décoration en galeries commerciales ou centre-ville n°1, 100 euros de vente sont composés de 19.6 euros de TVA ; entre 11 et 13 € pour le centre commercial et les locaux décorés, 15-22 € pour l’investissement et la structure (SCM comprise) , puis entre 19 et 29 euros de masse salariale directe liée à la présentation, l’accompagnement et la vente. Ce qui laisse au produit lui-même y compris démarque et invendus entre 22 et 35 € publicité incluse. En multipliant les centres commerciaux et leur présence dans ceux-ci, les enseignes voient leurs coûts exploser face à un CA, au m2 ou à l’implantation, en baisse. Le consommateur Français en souffre doublement : il paye plus cher que son homologue allemand ou hollandais donc voit son pouvoir d’achat plaisir érodé, mais en plus il doit acheter de la production peu couteuse donc importée des pays à faible coût de main d’œuvre ajoutant à l’insécurité de son emploi.

Or aucune vue de court terme ne permet des espoirs.

En premier lieu, par le fait que l’offre produit crée la demande, que l’offre produit est facteur de son degré d’exposition, une diminution de la distribution serait fatale à l’économie de la croissance-consommation. Donc le coût global des locaux rapporté au CA ne va pas diminuer.

En deuxième lieu, pendant la période 2004-2010, la finance s’est intéressée à la distribution spécialisée. Avec la manne financière, les chaines d’enseigne se sont regroupées ou ont fortement grossi, atteignant à travers les mécanismes de surenchères auxquels sont rompus les sociétés d’investissement, des valorisations de 1,5 fois le CA et 12 à 15 fois les bénéfices escomptés. La disparition des effets de leviers, a entraîné le report des besoins de rendement vers les profits dégagés directement de l’exploitation. Ceux-ci ne suffisant pas, ce sont des charges de consulting produites directement par ces sociétés de financement qui viennent récupérer avant d’hypothétiques bénéfices leurs lourds frais de subsistance. Pour maintenir des opportunités de surenchère propres à maintenir des actionnaires mal rétribués, les sociétés d’investissement sont également hyper gourmandes en temps de production de rapport et d’indicateurs qui obligent les structures à passer plus de 50 % de leur temps à produire des rapports formatés finance, qui sont fort loin des utiles indicateurs clés de la performance (KPI). Donc le coût de la finance et de la structure managériale ne va pas diminuer quant à ceux de la Supply Chain, si des économies y sont faites …

En troisième lieu, les charges salariales qui sont liées au coût horaire du travail de personnel à faible production de valeur (entre 1 et 1.2 SMIC )  ne vont pas diminuer sauf éventuelle exploitation optimisée des accords ANI. Le temps de travail à 35 heures symbolise l’organisation du travail à la française, au même titre que les cinq semaines de congés en sus des estimés pléthoriques jours fériés. Le symbole est toujours plus fort que la réalité, et la stigmatisation de cette réforme empêche d’en tirer les avantages. Mais les études publiées (voir timeplus.fr), montrent que le coût de la main d’œuvre employée en magasin à 14,5 € de l’heure travaillée est en France de 10 à 63 % plus élevé que celui de nos voisins développés Européens. Ce sont seuls les secteurs protégés de la délocalisation, dont fait partie la distribution, qui sont chargés d’employer à ces coûts du personnel de base, avant de retrouver les chemins de la production compétitive. L’atomisation des lieux de vente et l’extension des surfaces nécessaires à l’exposition d’une gamme large et profonde susceptible de déclencher l’envie, sont les garants d’un personnel en grand nombre malgré un chiffre d’affaires en légère récession ( 1er trim 2013 ).

L’analyse faite par Time Plus qui s’applique à la majorité des salariés de la distribution donne les coûts suivants :

 

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